Cuisson du 8 mai 2025 - nouvel émail bleu de fer et titane
Nouvelle cuisson, nouvel émail… C’est toujours grisant de tester un nouvel émail.
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Les cuissons sont intenses, on les vit avec nos tripes, particulièrement les cuissons au gaz, sans doute encore plus au bois. Mais je n’ai encore jamais essayé, je le ferai quand je serai grande.
Dans mon four elles durent près de 10 heures. 10 heures dans l’atelier à jouer avec la pression de gaz, les entrées d’oxygène, les paliers de température. 10 heures à écouter mon four, le sentir, le scruter. Tout noter. Les bruits, la couleur et la taille de la flamme, la gamme de son ronronnement.
Les ami.es passent boire un café en début de cuisson, un verre de vin vers la fin, lorsque la nuit est tombée. J’aime quand iels passent, mais je suis là sans être là, une oreille pour mon four, une autre pour elleux. Je sursaute à chaque bruit suspect « c’est toi qui a tapé du pied ? » ou est-ce un pot qui a cédé… ?
La température monte et l'émail entre en fusion. L’observer par la cheminée à travers des verres fumés. Je vois la texture de l'émail évoluer. J'approche les 1300°C…
Et puis à un moment donné, tout couper.
Le silence.
💫
Alea jacta est. Je vais me coucher.
🌙
Aucune idée du résultat. Enfin si, un peu, mais aucune certitude en tout cas. Et c’est ça que j’aime… Des semaines de travail et des dizaines de pots, et je ne sais pas exactement ce qui va sortir.
Le lendemain journée intense à l’épicerie pendant qu’il refroidit. Le refroidissement dure quasiment aussi longtemps qu’une cuisson, voire plus. Je trépigne… A la pause de midi on ferme le Magasin Général et je saute dans ma voiture, je ne peux plus attendre.
J’accroche la cloche au palan et la lève petit à petit… Les étages se dévoilent un à un.
Mes pots chantent, la cuisson est réussie.
🌟
L’émerveillement passé je dois tout noter pour comprendre mon four, analyser la cuisson, étage par étage, zone par zone. Je dois encore apprendre à le connaitre. On s’apprivoise, et on a encore des tas de choses à raconter lui et moi.
Je suis addicte je crois…
Un immense merci, encore et toujours, à Ariane, ma prof, qui m’a tout apprit et m’accompagne à chaque moment clé pour m’apprendre à danser avec le feu…
Cuisson du 6 décembre 2024. 4h30 – 14h45 1271°C
Surprise à l’ouverture du four le 7… Mon émail au cuivre et à la cendre de vigne, d’ordinaire vert pâle, est aussi rouge, lie de vin par endroits.
Le cuivre est vert en cuisson oxydante, rouge sang en cuisson réductrice. Il fait partie des quelques oxydes qui changent du tout au tout en fonction de l’atmosphère de cuisson. Je n’avais jamais
vraiment osé tenter une cuisson réductrice, je me disais que les rouges de cuivre, les céladons, c’était comme la porcelaine, je me disais que j’en ferai quand je serai grande…
Mais j’ai fini cette cuisson de jour, ce qui n’est jamais le cas. Je les fini d’habitude tard le soir, avec très peu de lumière, les yeux rivés sur le pyromètre, m’endormant ensuite en conservant
sur la rétine ses chiffres rouges et lumineux.
La nuit on voit très bien la belle flamme verte qui sort du four, et indique une cuisson réductrice. C’est beau la flamme d’une réduction, ça ressemble à une aurore boréale. D’habitude je
parviens à la maitriser, à la limiter par un apport d’oxygène un peu empirique. Mais là, j’ai commencé à 4h30 du matin, et terminé vers 14h45, en plein jour, je la distinguais mal cette aurore,
j’ai réduit bien plus que je ne le pensais…
Je ne m’attendais absolument pas à ce rouge en ouvrant le four… Les pots montrent d’importants courants réducteurs, qui se sont parfois partagé entre les pièces, formant une tâche rouge qui relie
deux pots. Le cuivre est volatile et voyage d’une surface à l’autre, se figeant ensuite au refroidissement. Ces surprises font partie de la magie de ce métier. Et donnent envie d’explorer
l’infini des possibles, de créer, et cuire encore et encore…